Parfois je m'assois et je joue du piano, d'autres fois je me mets devant le synthé ou je joue avec le sampleur, la guitare, les percus. Les chansons naissent de manières variées.
Oui, tu sais, la façon dont je voyage est bizarre. Je crois que je voyage plus que toute autre personne sur le planète, même plus que les gens qui travaillent pour des compagnies aériennes. Jusqu'à la fin de l'année j'aurai été deux fois en Australie, deux fois en Nouvelle Zélande, trois fois au Japon, en Allemagne à peu près dix fois, douze fois en Angleterre, deux fois dans chaque pays d'Europe de l'ouest, dans chaque état des Etats-Unis, quinze fois en Californie, au Canada... je fais la navette presque quotidiennement entre l'Europe et les Etats-Unis. C'est une façon complètement folle de voyager lorsqu'on ne reste pas plus d'un jour dans le même endroit. Je dois être aujourd'hui à 14 heures à Stuttgart (soupir...)
Voyages-tu aussi pour toi, et non en tant que Moby le musicien?
Je déteste cette idée. Je voyage tellement pour mon travail. C'est un peu comme si tu travaillais pour Burger King, la dernière chose que tu ferais durant ton temps libre serait de t'y restaurer. La chose dont j'aurais le moins envie pour m'amuser serait d'aller dans un aéroport. J'adore vraiment voyager professionnellement, mais quand j'ai du temps libre, tout ira très bien tant que je me tiendrai à distance raisonnable des aéroports. J'associe les aéroports au travail Ö un vol vers l'Allemagne pour une série de concerts, un vol vers le Japon pour donner des interviews...
Te décrirais-tu comme un drogué du travail?
Je ne dirais pas que je suis un drogué du boulot, mais plutôt que je suis actif. Je deviendrais dépressif si je ne travaillais pas. Prends l'exemple de Puff Daddy. Il semble réellement être accroc au boulot. Il a en permanence un nouveau projet qui commence. Moi ça ne m'intéresse pas de monter une boîte, d'ouvrir un restaurant ou autre chose de ce genre, je n'aspire qu'à faire de bons disques.
Ce qui te réussit.
Merci
Parlons un peu de tes déclarations. Beaucoup de choses mentionnées, y compris dans tes chansons, sont déprimantes quand on y regarde de plus près. Comment parviens-tu à écrire des morceaux aussi réjouissants, s'agit-il pour toi d'une thérapie par l'art?
Le monde est complexe. Il y a de belles choses et il y a des choses tristes, le monde a plusieurs facettes. Ce dont je me sens obligé de parler appartient plutôt à la catégorie des choses graves, mais je ne suis pas désespéré. Tout ce que je dis c'est que le monde est compliqué.
Lorsque tu as émergé dans le milieu de la musique Techno, la scène allemande t'a-t-elle influencé?
Oui, l'Electronica allemande a toujours eu une influence forte. Que ce soit Kraftwerk ou DAF, ou bien quelques disques Techno du début des années 90, l'Allemagne a toujours été une des scènes centrales pour la musique électronique.
Concernant Kraftwerk, il y a depuis déjà quelque temps une rumeur selon laquelle ils vont faire un nouveau disque. Que penses-tu de leur place dans la musique électronique aujourd'hui? Crois-tu qu'ils aient encore quelque chose à dire?
Bien sûr, tout le monde à quelque chose à dire. Ça n'est pas parce que quelqu'un vieillit qu'il doit arrêter de faire des disques. Qui sait, peut-être feront-ils un disque horrible, peut-être en feront-ils un génial, et ils n'en ont en fin de compte encore jamais fait de mauvais.
Que penses-tu de la Love Parade en tant que mouvement, en considérant qu'aujourd'hui ce sont les marchands de cigarettes et le gros argent qui la rendent possible?
Ce que je ne comprends pas c'est que la Love Parade ait besoin de sponsors. C'est un défilé, ça ne devrait rien coûter. Je ne dis pas que c'est horrible, mais à la base, c'est un mouvement spontané. Les gens se réunissent, marchent à travers Berlin et fêtent la vie et la Techno. Je ne vois pas pourquoi des sponsors y sont associés.